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Est-ce que les Boïens se lavaient ? Objets de toilette méditerranéens en Bohême à La Tène finale Jan Kysela n choisissant ce titre, je reprends d’une façon peu originale et inventive une problématique esquissée il y a plusieurs décennies par Cl. Rolley1 à propos de la présence d’objets méditerranéens liés à l’hygiène dans les contextes balkaniques non grecs. “Dans quelle mesure peut-on lier la diffusion d’objets avec la diffusion de leur fonction originale ?”, demandait-il. Mutatis mutandis, la même question émerge d’une manière similaire pour la Bohême de la fin de l’âge du Fer. En fait, l’analyse du corpus d’importations méditerranéennes de cette région2 a révélé des objets relativement nombreux, liés là aussi à l’hygiène personnelle ou à la cosmétique, objets qui ne trouvent pour la plupart pas d’analogies dans les autres régions transalpines de la culture de La Tène finale. E Les questions se posent d’elles-mêmes : quelle signification doit-on attribuer à ces objets ? Cette concentration est-elle fortuite ou bien reflète-t-elle une situation particulière par rapport aux autres régions, déjà aux périodes antiques ? Est-ce que (tous ?) ces objets liés à des pratiques culturelles bien déterminées ont gardé leur contenu fonctionnel et idéologique, y compris après leur déplacement en dehors de leur environnement originel et après leur insertion dans un nouveau contexte culturel ? Voilà les questions pour lesquelles je souhaite chercher des éléments de réponse dans les lignes de cette petite étude offerte à Anne-Marie Adam, qui a consacré tant de ses études à la problématique des rapports entre les mondes ciset transalpin. LE CORPUS, LES POSSIBILITÉS Les objets qui peuvent être liés à l’hygiène ou la cosmétique ne sont pas uniformément représentés dans le corpus examiné dans la présente étude – il s’agit parfois d’objets isolés, parfois de catégories numériquement importantes. C’est par exemple le cas des miroirs, qui peuvent être retenus comme des objets d’origine méditerranéenne et qui constituent la catégorie d’importation la mieux représentée au-delà des Alpes. Dans ce cas précis, la catégorie pose peu de problèmes : une interprétation fonctionnelle autre que cosmétique est difficile à envisager, la large distribution témoigne de la diffusion de ce type d’importation par des courants commerciaux qui ont intéressé toute la zone transalpine. Les poêlons de type Aylesford La question se pose d’une manière plus complexe pour une autre catégorie à large diffusion – les poêlons de type Aylesford. La distribution de ce type d’importation couvre elle aussi l’ensemble de la zone laténienne transalpine, y compris, naturellement, la Bohême3. Ils y sont attestés par plusieurs exemplaires provenant des deux oppida les mieux fournis en importations : au moins 6 fragments (têtes de canard à crochet) se trouvent parmi les trouvailles publiées de Stradonice4. Un fragment supplémentaire, provenant du même site, n’est connu que grâce aux planches photographiques de la collection de Mikuláš Lehmann, conservées au Musée de la Ville de Prague (inédit). Un manche quasiment entier provient des fouilles de Třísov5. 1. 2. 3. 4. 5. Rolley 1982. Étude en cours menée par l’auteur. Pour les premières réflexions préliminaires sur la problématique voir Kysela 2011. Kysela 2011, 166-168. Píč 1903, Tab. XX : 2, 3, 4, 5, 11, 19 ; Svobodová 1983, 660, Obr. 2 : 4, 5, 6, 10, 11, 12. Břeň 1975 ; Kysela 2011. –Transalpinare, p. 23-58 KISELA.indd 455 04/03/14 15:23 456 – JAN KISELA La fonction de ce type de vaisselle a été vivement discutée dans les décennies passées : différentes hypothèses existent, y compris celle qui les considère comme des récipients pour la préparation de nourriture6 ou de boissons chaudes7. La présence de pieds en plomb et la forme du récipient ont toutefois amené J. Werner8 à modifier son interprétation originale et à proposer que les poêlons aient pu servir (en combinaison avec les cruches métalliques) aux ablutions pratiquées lors des symposia. Cette lecture a été presque généralement acceptée9. La validité de cette interprétation au-delà du monde gréco-italique est également bien attestée dans les nécropoles celtiques d’Italie du nord, où les vases de ce type apparaissent souvent en association avec des balsamaires et d’autres objets de toilette. Est-il toutefois admissible d’étendre la validité de ce concept au-delà des Alpes ? S. Rieckhoff distingue (sans en préciser clairement les raisons) la situation en Gaule, où les poêlons auraient servi sous l’influence romaine aux ablutions du service du “symposium celtique” à partir du milieu du Ier s.10, de celle des régions orientales de la culture de La Tène finale, où les trouvailles datent d’une période plus ancienne et où on ne pourrait pas supposer le même niveau d’acculturation méditerranéenne. Pour cette raison, les poêlons y auraient servi à d’autres usages, que l’auteur est encline à rechercher dans le domaine rituel d’une manière générale. Une fonction pratique culinaire est a priori exclue. Cette argumentation, complexe, manque souvent de points d’appui : d’une part, quelles sont les preuves de la moindre adhésion des Celtes centre-Européens à la culture italique en général et pourquoi cela empêcherait-il que le récipient ait pu y avoir le même usage qu’en Italie ? ; d’autre part, s’il est vrai qu’à l’ouest les poêlons font partie d’ensembles funéraires contenant d’autres éléments de banquet, rien n’indique qu’ils ont été utilisés pour les mêmes usages qu’en Italie. À mon avis, en l’absence de preuves archéologiques claires, il est hasardeux de penser qu’un même type d’objet ait pu garder sa fonction, si spécifique et si chargée idéologiquement, dans l’ensemble de sa zone de diffusion. Notons que le seul poêlon du type Aylesford qui ait été trouvé en contexte éventuellement fonctionnel, celui de la tombe B de Goeblange-Nospelt11, contenait des côtes de porc et par conséquent a été utilisé pour la préparation ou au moins la présentation de nourriture. Il est en même temps clair que l’objet n’avait pas été conçu à l’origine pour remplir une fonction de cuisson (ses pieds en plomb ont disparu et ont dû être substitués par des pieds de cruches, sa paroi mince a été endommagée par le chaleur, etc.). Cet exemplaire ne nous apporte donc rien sur l’interprétation fonctionnelle de l’objet dans son environnement “domestique” méditerranéen, mais il nous apprend que sa fonction originelle n’a pas été respectée de l’autre côté des Alpes et que l’objet y a été utilisé (aussi ?) pour d’autres usages. Pour les découvertes en contexte d’habitat (qui sont plus fragmentaires et en position secondaire voire tertiaire), à l’Ouest comme à l’Est, on ne dispose pas d’éléments qui permettent de juger des fonctions pour lesquelles ces objets ont été utilisés. Le fond de balsamaire de Třísov (fig. 1) Fragment (près de la moitié) du fond d’un balsamaire céramique fusiforme sans pied conservé. Pâte fine de couleur rosâtre avec très rares inclusions visibles de petits grains de mica. Sur la surface interne du fond sont conservés les résidus d’une fine couche brun sombre à surface luisante. Dimensions : h. (conservée) 62 mm ; L. (conservée) 60 mm. Circonstances de découverte : oppidum de Třísov (dpt. Český Krumlov, Bohême du sud), campagne de fouille 1967. Conservation : Musée national de Prague, sans numéro d’inventaire (n° d’acquisition 7a/67-34)12. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. KISELA.indd 456 Caramella, in : Bini et al. 1995, 187. Werner 1954, 66. Werner 1978, 8. Bolla 1991 ; Feugère & De Marinis 1991, 108 ; Bolla 1994, 16–17 ; Sedlmayer 1999, 76. Rieckoff 1998, 510-512. Metzler & Gaeng 2009, 82, 276–277, fig. 70. Břeň 1984, 12 ; Kysela 2011, 175-177, fig. 5 ; Novotná & Mišková 2011. 04/03/14 15:23 EST-CE QUE LES BOÏENS SE LAVAIENT ? – 457 Mis à part l’exemplaire de Třísov, les balsamaires sont pratiquement inconnus dans le monde transalpin avant la conquête romaine. En Gaule interne et sur le Rhin, les premiers exemplaires apparaissent avec les armées après la Guerre des Gaules13 et à l’époque augustéenne14. Sur le Magdalensberg, on ne les retrouve que dans des remblais datés vers le milieu ou plutôt dans la seconde moitié du Ier s.15. Les balsamaires fusiformes16 sont utilisés dans toute la Méditerranée entre le IVe et le Ier s. a.C. Il s’agit d’artefacts morphologiquement simples et produits à large échelle (à la fois géographiquement et quantitativement), si bien que l’on peut difficilement espérer pouvoir identifier de réelles variations géographiques ou chronologiques, sinon d’une manière extrêmement vague. Une grande quantité de ces vases provient de contextes funéraires d’époque hellénistique et républicaine, où ils contenaient soit les substances utilisées pendant la préparation du corps, soit celles déposées dans la tombe comme offrande, en l’occurrence principalement des huiles parfumées et autres substances cosmétiques ou médicinales, éventuellement aussi du vin ou d’autres boissons alcoolisées. La qualité médiocre de ces vases reflète ces fonctions plus symboliques que pratiques17. Pour les exemplaires provenant de contextes d’habitat, on peut évidemment supposer le même usage consistant à contenir des huiles et autres substances précieuses conservées en petites quantités et/ ou utilisées dans des quantités bien définies. Ces “autres substances” peuvent toutefois couvrir une large échelle de fonctions, liées à l’hygiène ou plutôt aux cosmétiques, ou encore médicinale, rituelle, alimentaire, comme cela a été démontré par des analyses du contenu de plusieurs de ces vases qui, selon les résultats, ont livré des substances aussi variées que du vin, de l’encens, de la graisse animale, des produits laitiers, des épices, etc.18 Les analyses de la composition des résidus de matière sombre conservés sur le fond du balsamaire de Třísov ont été exécutées au Laboratoire de spectroscopie moléculaire de l’Institut de technologie chimique à Prague19. Les résultats ont montré qu’il s’agit d’une matière organique qui n’a pas subi de cuisson (et donc pas d’un revêtement). Elle est principalement composée de protéines animales (leur spectre correspond le mieux à celui d’une colle), avec une présence moindre de kaolinite et de silicates. Des traces d’huile n’ont été identifiées que dans des quantités très marginales. | Fig. 1. Fond de balsamaire de Třísov (DAO M. Fábiková, J. Kysela). Si la présence d’un balsamaire à Třísov à l’époque préromaine est sûre, l’interprétation que l’on peut proposer à partir des résultats de l’analyse de la matière conservée à l’intérieur20 est beaucoup moins assurée : s’agit-il des restes du contenu originel avec lequel le vase a franchi les Alpes ou le résultat d’une réutilisation secondaire in loco ? Peut-on envisager un lien entre ce contenu et l’hygiène ou, plutôt, la cosmétique ? Les réponses positives à ces deux questions sont plutôt dans le domaine du possible que de sûr. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. KISELA.indd 457 Robin 1993 ; Poux & Robin 2000, 191, 200. Fingerlin 1986, 52 : 27, 176 : 54–58, 285 : 34, 544 : 82. Schindler & Kaudelka 1975, 219–221. Cf. principalement Anderson–Stojanović 1987 ; Forti 1962 ; Cuadrado 1977–1978 ; Camilli 1999. Anderson-Stojanović 1987. Anderson-Stojanović 1987, 116 ; Frère & Bodiou 2010. Novotná & Mišková 2011. Si ces derniers sont effectivement crédibles : des doutes ont été exprimés à ce propos par D. Frère (communication personnelle). 04/03/14 15:23 458 – JAN KISELA L’anneau porte-strigile de Stradonice (fig. 2, 1) Tige en bronze semi-circulaire à section ronde, dont une extrémité est pourvue d’un élément cubique massif et décoré de lignes poinçonnées et prolongé par un crochet anguleux. L’autre extrémité n’est pas conservée et la tige finit par une cassure. L. (conservée) env. 52 mm. Cet objet, conservé au Musée national de Prague provient prétendument de l’oppidum de Stradonice. Publié dès 190321, il n’a été identifié que récemment22, grâce à une correspondance formelle exacte avec des objets fonctionnellement bien déterminés comme étant des anneaux porte-strigile. Il s’agit plus précisément d’un anneau de type à double crochet23. Au sein de ce groupe, on peut distinguer plusieurs variantes dans les éléments massifs des extrémités – plus naturalistes, en forme de tête d’oiseau ou de serpent, ou plus schématisées comme dans l’exemplaire de Stradonice (fig. 2, 2). Toutes les analogies24 de ce type dont la datation peut être précisée appartiennent à la deuxième moitié du IIe ou au Ier s. a.C. Cette correspondance chronologique semble donc indiquer qu’il peut bien s’agir d’une découverte authentique de l’oppidum de Stradonice. Les anneaux porte-strigile sont utilisés à partir de l’époque hellénistique et romaine pour concentrer sur un seul élément tous les différents composants du service de toilette : un ou plusieurs strigiles, un récipient pour l’huile, éventuellement une éponge, etc. | Fig. 2. Anneaux porte-strigile : 1. Stradonice ; 2. Ancône (DAO P. Kazakova d’après Píč 1903 et Colivicchi 2002). 21. Píč 1903, Tab. XVI : 58. 22. Kysela 2012. 23. Ulbert 1984, 76-77. 24. Pour comparaison, voir par exemple : Volterra (Cristofani 1975, 28, fig. 22, N°71) ; Castiglioncello (Gambogi & Palladino 1999, 82, Abb. 24, Abb. S.45) ; Elbe (Zecchini 1973, Tav. 75) ; Pérouse (Feruglio 1977, 113, fig. 77) ; Ancône (Colivicchi 2002, 192 n° 27 : 9 avec bibliographie complémentaire ; 204, n° 29 : 3 ; 209 n° 30 : 6 ; 256, n° 39 : 3 ; 279, n° 45 : 13) ; Métaponte (De Siena 2005, Tav. XLII) ; Tarente (Colivicchi 2001, 109, n° 9 :18 ; 144, N°18 :4 ; 173, N°29 : 8), Ampurias (et différents sites d’Espagne, Ulbert 1984, 75, Anm. 213). Toutes les trouvailles mentionnées datent entre la deuxième moitié du IIe et le Ier s. a.C. KISELA.indd 458 04/03/14 15:23 EST-CE QUE LES BOÏENS SE LAVAIENT ? – 459 L’utilisation pratique du strigile et les différents rôles qu’il peut revêtir au niveau symbolique sont bien connus25. Ce qui est important pour nous, c’est qu’au-delà des Alpes, aucune découverte ne nous signale l’utilisation des strigiles avant la conquête romaine26, de la même manière – on l’a vu plus haut et nous y reviendrons – qu’il manque d’indices convaincants de l’importation d’huile. Soulignons aussi que nous parlons bien d’un anneau de suspension, et non d’un strigile en lui-même. Sur la base de ces différents arguments, la présence d’un anneau porte-strigile à Stradonice nous semble difficilement explicable par le fait que les habitants (l’un d’entre eux au moins) du site aient pratiqué des usages hygiéniques méditerranéens. Cet intéressant exemple d’anneau à fermeture à double crochet pouvait tout aussi bien être utilisé en tant que bracelet ou torque. C’est peut-être déjà avec cette fonction qu’il a pu franchir les Alpes. Le “balsamaire” de Hrazany (fig. 3 et 4, 1) Récipient en bronze à corps cardiforme et court col conique terminé par un bord à lèvre verticale parcouru par une moulure. Un “bouchon” de tôle de bronze cylindrique à bord éversé a été inséré dans le col. Le corps est composé de deux parties jointes horizontalement, le col est percé de trois orifices : deux sont carrés et situés à la même hauteur, le troisième est circulaire et disposé un peu plus bas. Trois orifices disposés de la même manière percent aussi l’élément inséré (cette fois deux trous circulaires et un carré). D’après l’analyse technologique, l’objet a été produit par martelage et le col a été confectionné séparément, puis soudé au corps. Les trous carrés dans le corps et dans le “bouchon” conservent également des traces de soudure. Le bord de ce dernier est conservé dans son état original. Dimensions : h. 42 mm. Circonstances de découverte : oppidum de Hrazany (dpt. Příbram) : partie méridionale du “Grubenhaus” 21/62 perturbée par la construction d’une voie médiévale27. Découvert en 1962 et rapidement publié, cet objet est généralement identifié comme un vase de bronze importé de Méditerranée, plus précisément Fig. 3. Le “balsamaire” de Hrazany comme un récipient destiné à contenir de l’huile, du (DAO J. Kysela d’après Jansová 1992). parfum ou des onguents (balsamaire ou aryballe ; voir les références ci-dessus). Étant donné que les vases en bronze constituent les importations les plus courantes dans le milieu transalpin, il y a une logique à ce raisonnement. Il faut toutefois mentionner qu’aucun récipient de toilette en bronze n’a été découvert à ce jour en Europe centrale voire transalpine pour cette époque et que l’objet découvert à Hrazany ne trouve aucune analogie parmi les récipients méditerranéens de cette catégorie fonctionnelle pour cette époque (LT C2 - LT D1b ou bien LTD2a). Pour cette raison, l’interprétation de la découverte de Hrazany paraît pour le moment loin d’être assurée et mérite d’être remise en question. | 25. Les aspects pratiques mais aussi symboliques ont été étudiés dans des ouvrages désormais classiques, notamment celui de E. KoteraFeyer (1993). Récemment R. Knobloch (2007) a présenté les différents rôles symboliques auxquels les strigiles peuvent correspondre dans les tombes celtiques d’Italie du nord. 26. Schönfelder 2002, 88-89. 27. Jansová 1965, 69, Obr. 24 ; Svobodová 1983, 672, Obr. 6 : 20 ; Jansová 1992, 50, 149, Tf. 254 : 17 ; Drda & Rybová 1995, 156 ; 1998, 163 ; Waldhauser 2001, 230 ; Kruta & Lička 2004, 150, fig. 21/16c ; Kruta et al. 2006, 385, fig. 33/20c ; Venclová 2008, 110, fig. 63 : 11 ; Bouzek 2011, 523. KISELA.indd 459 04/03/14 15:23 460 – JAN KISELA Un vase à onguents ? Dans le monde méditerranéen des deux ou trois derniers siècles avant notre ère, les récipients à onguents ne sont représentés que par peu de types : le plus courant d’entre eux est celui dérivé du type Talcott (produit grec du IVe s.). Il s’agit de vases à corps globulaire et fond plat, avec une ouverture en entonnoir semi-globulaire. Un manche courbe s’appuie sur la panse par un élément simple et sur l’embouchure par sa terminaison supérieure à fourchette (fig. 4, 2). Ce type d’aryballe apparaît sporadiquement durant la période hellénistique, ce n’est toutefois qu’à l’époque augustéenne qu’il devient mieux documenté, y compris parfois dans des contextes transalpins28. En Étrurie, aux IIIe-IIe s., les huiles et onguents étaient conservés dans des bouteilles en tôle de bronze martelée en relief, à corps piriforme et col haut fermé (fig. 4, 3). La fermeture de l’embouchure s’effectuait par un bouchon couvrant29. Enfin, entre les IVe et IIe s., une forme particulière de récipient à huile a été utilisée en Italie centrale – les “vasi a gabbia” (à cage), produits à partir de matériaux organiques et dont seule l’embouchure à entonnoir en bronze est généralement conservée30. Ce n’est qu’à l’époque augustéenne, ou plutôt au Ier s. p.C., qu’apparaissent de nouveaux types de récipients à onguents, qui deviendront caractéristiques du début de l’époque impériale31. Il s’agit d’aryballes globulaires à lèvre à trochillus (type Tassinari F1100, fig. 4, 4), ou d’aryballes à corps tronconique du type Tassinari F2120 (fig. 4, 5 ; un exemplaire en argent est conservé à l’Antikensammlung de Berlin32). Évidemment, du point de vue formel, tous les types mentionnés sont très éloignés de l’objet provenant de Hrazany. Seul un petit groupe de récipients à huile d’époque hellénistique s’en approche approximativement, en l’occurrence trois aryballes en fer provenant de tombes du IIe s. à Tarente33 (fig. 4, 6) et Thasos34. Leur interprétation fonctionnelle est sûre – les objets ont été trouvés en association avec des strigiles. Si le corps cordiforme à fond pointu et le col court semblent communs aux deux objets, notons toutefois aussi les dissemblances – ces détails pouvant faire la différence – qui ont d’importantes répercussions au niveau fonctionnel. Tout d’abord, les caractéristiques et les dimensions du vase de Tarente (le rapport entre la hauteur et le diamètre, la forte carène, etc.), lui confèrent un degré élevé de stabilité et ce malgré son fond pointu (un coup malencontreux causerait plutôt une rotation du vase sur lui-même, le col restant vers le haut, mais il serait beaucoup plus difficile de le renverser accidentellement). La situation est bien différente pour le vase de Hrazany, dont la forme plus élancée et le profil régulier, sans carène prononcée, le rendent beaucoup moins stable. Les parties supérieures des deux objets diffèrent elles aussi considérablement : l’aryballe de Tarente est pourvu d’un col cylindrique court, légèrement resserré au sommet (on peut supposer un bouchon couvrant). Aucun élément de suspension n’a été repéré (probablement à cause de l’état de conservation de cet artefact en fer), contrairement à l’exemplaire de Thasos où deux petites anses latérales ont été conservées. Le col de l’objet de Hrazany est quant à lui conique et percé de plusieurs orifices. Leur disposition semble indiquer que l’élément de suspension passait à l’origine par les deux trous carrés, tandis que le trou circulaire situé plus bas servait à fixer un bouchon dans le col (on peut observer le même système de fixation du bouchon sur divers aryballes en bronze antiques, comme par exemple celui de Ruvo au British Museum 35). Une telle solution ne devenait toutefois possible qu’après l’insertion d’un élément cylindrique sans lequel aucun bouchon ne pouvait tenir dans le col, qui s’élargit vers le bas. De plus, ces orifices restaient ouverts (seule la soudure avec l’élément inséré cylindrique pouvait les fermer) et permettaient facilement à un contenu liquide de s’échapper. Enfin, l’insert cylindrique est du point de vue technologique (mais aussi fonctionnel) un élément de toute évidence secondaire. En définitive, il paraît donc peu probable que l’objet ait été à l’origine pensé et manufacturé en tant que récipient à liquides, malgré certains indices comme la conformation de son bord. 28. Vassalle 1979 ; Feugère 1991 ; Antran : Pautereau 1999, 43. 29. C. Cianferoni dans Maggiani 1985, 148–152 ; Bini et al. 1995, 211-218, Tv. LXXIX. 30. Bini et al. 1995, Filottrano : Baumgärtel 1937, 244, Pl. XXVIII : 2. 31. Tassinari 1993. 32. Heilmeyer et al. 1988, 267, Nr. 6. 33. Colivicchi 2001, E.15 ; Hemper 2001, 189. 34. Ghali-Kahil 1954, 244-246, fig. 30. Malgré certaines lacunes dans la documentation, il est probablement très proche (par sa forme et ses dimensions) de l’aryballe de Tarente. Il s’agit selon la description d’un “aryballos en fer composé de deux moitiés qui s’emboîtent horizontalement”. 35. http://www.britishmuseum.org ; n° d’enregistrement 1856,1226.673. KISELA.indd 460 04/03/14 15:23 EST-CE QUE LES BOÏENS SE LAVAIENT ? | KISELA.indd 461 – 461 Fig. 4. Comparaison du “balsamaire” de Hrazany (n° 1) avec d’autres vases en bronze et éléments de parure : 2. Aryballe du type Talcott (2a Milan, 2b Antran) ; 3. Bouteille piriforme du type Cianferoni 1 ; 4. Aryballe globulaire du type Tassinari F1100 ; 5. Aryballe à corps tronconique du type Tassinari F2120 ; 6. Aryballe en fer, Tarente ; 7-8. Pendentifs pontiques de Ust’ Labinskaya et de Kertch ; 9-10. Pendentifs cordiformes de la Collection Fleischmann ; 11. Bulla cordiforme de Spina (DAO J. Kysela d’après les ouvrages cités dans le texte). 04/03/14 15:23 462 – JAN KISELA Un dernier élément apporte de forts doutes sur l’interprétation de la découverte de Hrazany en tant que vase à huile : ses dimensions (fig. 5). Son volume est de 17 ml36. La contenance de l’aryballe de Tarente est quant à elle d’environ 110 ml. Plusieurs aryballes grecs en bronze d’époque archaïque ont des capacités comprises entre 66 et 167 ml37. Un aryballe globulaire provenant de la tombe 31 de la parcelle Scataglini à Tarquinia pouvait contenir 56 ml d’huile38. Le volume des aryballes d’époque augustéenne dérivés du type Talcott oscille entre 44 (Antran) et 190 ml (Milan). Celui des bouteilles étrusques des IIIe-IIe s. varie de 170 à environ 500 ml ; celui des aryballes globulaires de type Tassinari F1100 atteint 115 ml, celui des aryballes coniques de type Tassinari F2120 (d’époque impériale) environ 170 ml. Cette argumentation “millilitrique” ne doit pas être considérée comme secondaire : les fortes différences volumétriques reflètent à mon avis une profonde différence fonctionnelle entre l’objet de Hrazany et les récipients à huile méditerranéens. Ces derniers, destinés à un usage pratique dans la palestre ou les bains devaient contenir suffisamment d’huile pour oindre le corps humain au moins en partie. Les 17 ml contenus dans le “balsamaire” de Hrazany ne seraient susceptibles que d’en couvrir une partie extrêmement réduite… | Fig. 5. Comparaison du volume du “balsamaire” de Hrazany avec d’autres vases en bronze et objets de parure. En gris foncé : vaiselle ; en gris clair : parure. Abréviations : t. = type ; Ty. = Talcott ; Ci. = Cianferoni ; Tass. = Tassiari ; aryb. glob. = aryballe globulaire ; BM = British Museum. Références : Milano = Feugère 1991 ; t. Ci.1 = Tarqinia Museo, RC 5975 (Bini et al. 1995) ; Brommer 1 = Brommer 1969, 18, Nr. 16 ; Brommer 2 = ibidem Nr. 17 ; Pompei = Tassinari 1993 ; Berlin = Heilmeyer et al. 1988 ; Lipari = Bernabò Brea, Cavalier, Villard 2001 ; Bassai = Kourouniôtou 1910, 32, eik.42 ; Ruvo = BM 1856, 1226.673 ; BM = http://www.britishmuseum.org/research/ search_the_collection_database.aspx ; Spina = Berti & Guzzo 1993 ; Getty = Coll. Fleischman 1994). 36. Les capacités des récipients ont été calculées grâce à l’application “Calcul de capacité d’un récipient à partir de son profil” gérée par le CReA (ULB) http://lisaserver.ulb.ac.be/capacity/ (Engels et al. 2009). La capacité de tous les récipients traités dans cet article est calculée jusqu’à la base du col. 37. Brommer 1969, 18 Nr. 16-17 ; Tf. 4 : 1-2. 38. Serra Ridgeway 1996, 43-44, Tv CXXIII, T.31 : 11. KISELA.indd 462 04/03/14 15:23 EST-CE QUE LES BOÏENS SE LAVAIENT ? – 463 Plutôt qu’aux aryballes en bronze, c’est aux balsamaires ou onguentaires manufacturés en céramique ou en verre39 que l’objet de Hrazany se rapproche le plus par ses dimensions40. Dans ce cas, le choix des dimensions était motivé – pour simplifier à l’extrême la complexité de la problématique – soit par le besoin de diviser le contenu précieux en petites doses, soit par le caractère symbolique de l’utilisation de ce dernier, comme dans le cas des balsamaires funéraires en céramique ou en verre41. En tout état de cause, il semble que les doses si faibles et les récipients en bronze s’excluent mutuellement. Un lacon pontique ? Récemment, J. Bouzek42 a attiré l’attention sur un autre groupe d’artefacts auquel le “balsamaire” pourrait être associé : il s’agit de flacons-pendentifs produits par des artisans bronziers ou des orfèvres pontiques d’époque tardo-hellénistique et impériale (fig. 4, 7-8). Dans ce cas, les dimensions (volume autour de 20-30 ml), mais aussi le fait qu’il s’agit d’objets portés exclusivement en suspension en tant qu’élément de parure, semblent bien correspondre aux particularités de l’objet de Hrazany. Néanmoins, des arguments sérieux nous interdisent une fois de plus de considérer cette analogie comme convaincante : d’abord, la grande majorité des flacons43 appartient aux premiers siècles de l’ère chrétienne. De plus, malgré la variabilité de cette catégorie, le même système de fermeture est utilisé dans tous les flacons : le col court cylindrique est couvert par un bouchon pourvu de deux petits anneaux par lesquels passe une chaînette attachée au corps du vase. Un tel arrangement n’a jamais pu être mis en œuvre dans l’artefact de Hrazany. Même si les flacons pontiques sont à mon avis loin de nous fournir la réponse précise à la question de l’origine de l’objet de Hrazany, ils nous fournissent un élément précieux pour orienter la recherche : plutôt que parmi les éléments de vaisselle, c’est vers la parure qu’il faut nous diriger. Un pendentif “amphoriforme” ? Les pendentifs “amphoriformes” ou “en forme de grenade” sont connus en Méditerranée orientale au moins à partir de l’époque mycénienne. C’est principalement aux époques archaïque et classique que les pendentifs de cette forme deviennent une composante régulière des parures en Italie du Sud mais surtout en Grèce et dans le sud de la péninsule balkanique44. Leur forme, au corps cardiforme ou globulaire, au col court cylindrique ou conique à travers lequel passe l’élément de suspension, et au bord souligné, souvent mouluré d’une manière ornementale (fig. 4, 9-10), correspond très précisément à la forme de l’objet provenant de Hrazany. La plupart des objets de ce type date des VIe ou Ve s. La forme de ces pendentifs (bien évidemment creux) permettait d’y enfermer différents objets45 : par exemple, un exemplaire conservé aujourd’hui au British Museum contenait une tôle d’or avec une inscription “gnostique”46. Certains d’entre eux au moins peuvent donc être classés du point de vue fonctionnel comme des étuis d’amulettes ou bien comme des objets de fonction analogue aux bullae étrusco-italiques et romaines. Nous venons de voir que d’un point de vue purement formel, on peut soulever deux objections principales à l’encontre de notre tentative de rapprocher l’objet trouvé à Hrazany avec les pendentifs archaïques : tout d’abord, un faible nombre de pendentifs sont à ma connaissance produits en bronze (ils sont généralement en or ou en argent), deuxièmement les dimensions de ces derniers sont souvent un peu plus réduites que celles de notre objet. 39. Notons que c’est aux aryballes en verre d’époque impériale (Isings 61) que l’objet de Hrazany a été rapproché, par manque d’autres analogies formelles plus proches (Svobodová 1983). 40. Selon V. Anderson-Stojanović (1988, 117-119) et A. Camilli (1999, 11, fig. 2), les volumes des balsamaires oscillent entre 4 ou 6 ml environ et 190 ml, la plupart des valeurs se situant toutefois entre 20 et 40 ml. 41. Andreson-Stojanović 1988. 42. Bouzek 2011, 523. 43. Скалон 1961, 126-140 ; Mordvinceva & Treister 2007, Bd. I p. 51-55, Bd. II p. 128, Tf. 54 N°B26.1 ; 129, Tf. 55, N°B29.1 ; 150, Tf. 62, N°B/1.17 ; 16, N°C/°1.19.5.1 ; Seipel 2009, n° 91, 112, 116, 117, 121, 123. 44. Voir par exemple : Higgins 1961 ; Amandry 1953, 30 ; Philipp 1981, 366-370, Tf. 25, 82 ; Guzzo 1993, 222-226 ; Georgoula 1999, 134, n° 35, 162, n° 49 ; Alvino 1996, 423 Tav. II b ; Descamps-Lequime & Charatzopoulou 2011, 158, n° 87, Lilibaki-Akamati et al. 2011, 306-313, fig. p. 314. 45. D’un autre côté, il faut admettre que la plupart de ces pendentifs sont fabriqués d’une tôle d’or ou d’argent extrêmement fine et n’ont jamais pu exercer cette fonction. 46. Marshall 1911, n° 3150 ; l’objet est toutefois morphologiquement différent et de datation plus haute. KISELA.indd 463 04/03/14 15:23 464 – JAN KISELA En ce qui concerne les dimensions, utilisons la même approche de la comparaison volumétrique, déjà appliquée plus haut pour comparer le “balsamaire” avec les récipients à onguents méditerranéens et comparons-le avec une série de pendentifs archaïques et plusieurs bullae (cardiformes et lenticulaires) étrusques et italiques des VIe-Ve s. a.C.47. Le graphique de la fig. 5 montre que le volume du “pendentif” de Hrazany, même s’il est supérieur aux volumes de tous les pendentifs en or et argent, se rapproche relativement de celui de plusieurs bullae étrusco-italiques. Une objection d’ordre chronologique semble encore plus importante. Les pendentifs, on l’a vu, datent presque tous d’une période très antérieure à l’occupation tardo-laténienne de l’oppidum48. Cependant, on peut rappeler que le site de l’oppidum de Hrazany est précédé par une occupation de la période hallstattienne49. De plus, il faut souligner que la présence d’objets importés d’époque hallstattienne n’est pas un phénomène inconnu dans les oppida de Bohême : sans entrer dans le détail pour le cas le plus évident, celui de Závist50, on peut noter la présence d’au moins deux éléments de cruches étrusques archaïques en bronze à Stradonice51. En conclusion nous proposons de lier le “balsamaire” à la phase d’occupation hallstattienne de Hrazany. Il ne s’agit pas d’un récipient mais originellement d’un pendentif dont le contenu ne peut être établi, hormis le fait qu’il n’était probablement pas liquide. Les analogies formelles pointent d’une manière assez claire vers la Méditerranée des VIe-Ve s. Il est plus difficile de déterminer s’il s’agit d’une importation de Méditerranée ou d’une zone intermédiaire, ou plutôt d’un produit local inspiré par un objet importé. CONCLUSION : LES BOÏENS SE LAVAIENT-ILS ? Nous venons d’étudier quatre objets ou catégories d’objets qui d’emblée semblaient indiquer l’adoption au moins partielle d’usages hygiéniques méditerranéens dans l’Europe centrale préromaine, mais dont nous avons voulu réviser prudemment l’interprétation. Dans deux cas, les circonstances suggèrent une interprétation fonctionnelle alternative plus vraisemblable, culinaire pour les poêlons du type Aylesford, décorative par exemple pour l’anneau porte-strigile ; nous avons proposé de réinterpréter le “balsamaire” de Hrazany du point de vue fonctionnel mais aussi chronologique (et donc l’exclure de notre corpus). Finalement, un seul objet, le fond de balsamaire céramique de Třísov, nous semble conserver un rapport au domaine de l’hygiène, ou plutôt de la cosmétique, même si le lien de cette dernière avec la colle animale est loin d’être évidente. À un niveau plus général, je voudrais souligner – même si cette constatation peut sembler banale – les changements fonctionnels que les objets ont subi ou pouvaient subir naturellement en passant d’un milieu culturel à un autre. Il est difficile d’envisager que les exemplaires exportés soient nécessairement identiques à leurs équivalents méditerranéens, d’un point de vue non seulement fonctionnel, mais plus encore symbolique. À un niveau plus concret, il faut constater que nous n’avons pas de preuves que les habitants de la Bohême du deuxième âge du Fer aient eu besoin d’ustensiles hygiéniques méditerranéens. Il faut aussi souligner qu’ils (ou elles) ont eu besoin au minimum de miroirs et de trousses de toilette. On peut supposer que d’autres éléments d’hygiène personnelle existaient effectivement mais qu’ils sont restés archéologiquement invisibles. 47. Nous avons pris en compte principalement les collections riches et bien documentées du British Museum (Marshall 1911, n° 2271, 2285, 2307, 2310 ; d’autres objets sont accessibles sur la page du Musée http://www.britishmuseum.org. Nous avons retenu par exemple les bullae Reg. n° 1856,1226.907 ; 1894,1205.2 ; 1912,1218.1 ; 1982,0302.63). D’autres objets retenus ici correspondent par exemple au pendentif en or de Spina dans la Walter Gallery à Boston (Inv. n° 57.371 : Berti & Guzzo 1993), à une série de pendentifs en argent de la collection Fleischman, conservée aujourd’hui au Musée Getty de Malibu (Coll. Fleischman 1994, n° 54 : I, pp. 120 et 123 ; fig. 54 : H, G, I. Je voudrais remercier Dr. D. Saunders, assistant conservateur du département des Antiquités du Musée Getty pour m’avoir fourni des informations complémentaires sur ces objets) ou le pendentif central du collier tardo-archaïque conservé au musée de Villa Giulia (Proietti 1980, fig. 62). Pour de nombreux autres objets de cette forme, les publications souvent anciennes ne mentionnent malheureusement pas les dimensions. 48. Un cas exceptionnel est représenté par un pendentif en or provenant d’Altamura dans les Pouilles (Guzzo 1993, 73, 231), trouvé dans une tombe bien datée de la seconde moitié du deuxième siècle (mais une production plus ancienne n’est pas à exclure : ibidem, 74). Cette apparition isolée (très vraisemblablement allogène), qui renvoie par la stylistique et la technique de son décor au milieu transadriatique (Grèce du nord), trouve des analogies formelles plus proches dans les flacons pontiques évoqués plus haut, pour lesquels elle (ou ses éventuels “frères” grecs) est citée comme un possible modèle (Mordvinceva & Treister 2007, 52). 49. Jansová 1983 ; Čtverák 2002. 50. Dernièrement Drda & Rybová, 2008. 51. Un bord : Karasová & Schönfelder 2004, 233-235, Abb. 5 : O10378 ; une anse, non publiée, conservée au Musée National de Prague. KISELA.indd 464 04/03/14 15:23 EST-CE QUE LES BOÏENS SE LAVAIENT ? – 465 Références bibliographiques Alvino, G. (1996) : “Alcune riflessioni sulla cultura Equicola nella piana di Corvaro”, in : Identitá e civiltà dei Sabini, Atti del XVIII convengo di studi etruschi ed Italici, Rieti-Magliano Sabina, 1993, Florence. Amandry, P. (1953) : Collection Hélène Stathatos. I, Les bijoux antiques, Strasbourg. 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